Les pratiques rencontrées en agriculture de Haute Valeur Environnementale trouvent un écho dans les travaux menés par VigieNature, et son Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB) qui propose des protocoles d’observation de la biodiversité, en vue d’évaluer ses liens avec les pratiques agricoles mises en œuvre.
Quatre protocoles sont actuellement proposés pour 4 thèmes : abeilles, papillons, vers de terre et invertébrés terrestres
Les observations collectées dans le cadre de l’Observatoire Agricole de la Biodiversité ont fait l’objet d’une publication pour l’année 2018 dont voici un résumé :
Focus sur les abeilles sauvages
L’Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB) a mise en place un protocole d’installation de nichoirs adaptés pour les abeilles solitaires nidifiant dans des cavités creuses (essentiellement des espèces de la famille des Mégachilidés). 387 parcelles suivies à raison de 2 nichoirs par parcelles, pour 2918 observations réalisées. 61% des observations présentaient des nichoirs occupés.
Parmi les abeilles solitaires les plus précoces, les Osmies sont actives dès le mois de mars. C’est notamment pour cette raison qu’elles colonisent souvent les nichoirs avant les autres espèces, c’est une des raisons de la présence importante de l’opercule terre/boue. Au sein d’un nichoir, il peut y avoir compétition entre différentes espèces, c’est pourquoi le protocole prévoit la pose de 2 nichoirs par parcelle.
Lien entre pratiques agricoles et abeilles sauvages.
Beaucoup de variables entrent en jeu (structure du paysage, culture en place, rotations, quantité et type de produits phytosanitaires…), mais l’analyse des données réalisée par l’Observatoire Agricole de la Biodiversité, permet d’établir des tendances fortes.
La pratique Bio, oui mais…
Le bénéfice d’une agriculture biologique, c’est-à-dire basée sur le recours à des traitements sans produits phytosanitaire de synthèse favorisent une abondance d’abeilles sauvages Mais comme le montre le graphe, l’Observatoire Agricole de la Biodiversité a rassemblé dans une catégorie AUTRES, des pratiques encore plus performantes.
« Nous avons rassemblé dans la catégorie « AUTRES (ni bio, ni conventionnel) » des pratiques diverses et souvent très bénéfiques pour la biodiversité comme on le constate souvent en permaculture ou en agroécologie. Mais nous devons encore regarder les résultats par pratique pour identifier celles qui profitent réellement aux abeilles »
Nora Rouillier, coordinatrice de l’Observatoire Agricole de la Biodiversité
Sur son site, l’Observatoire Agricole de la Biodiversité « confirme que le bio n’a pas le monopole de la vertu, au moins en matière de biodiversité comme nous l’avait déjà démontrée une récente étude publiée sur les chauves-souris et les oiseaux insectivores«
Les principales pratiques non affiliées au bio et qui sont particulièrement prometteuses sont :
- En toute premier lieu, la diversité des « paysages »
- Le non-travail du sol, telle que pratiquée dans l’agriculture de conservation des sols (ACS)
- La lutte intégrée favorisant les auxiliaires, c’est à prédateurs naturels des parasites des cultures
- Le recours à des biocontrôles ou des protections physiques (les filets en arboriculture)
- D’autres méthodes qui demanderont à être précisées dans les prochaines années de collecte en précisant les Itinéraires Techniques des parcelles observées
On retrouve ici le principe de l’indicateur Biodiversité de la Haute Valeur Environnementale basée sur les Infrastructures Agro-Ecologiques telles que les haies, les jachères, etc. L’Observatoire Agricole de la Biodiversité précise que « en offrant aux abeilles solitaires une large diversité d’habitats, de nourritures, de refuges, de lieux de reproduction, etc… un paysage en mosaïque est favorable à la prolifération de ce groupe écologique. De nombreuses études ont montré un lien entre la richesse en pollinisateurs, en particulier en abeilles, et la performance de la pollinisation, un service écosystémique essentiel à l’agriculture moderne. Plus la diversité d’abeille est importante, plus ce service est résistant/résilient aux perturbations. »
Les prochains points d’actualité porteront sur les papillons, vers de terre et invertébrés terrestres étudiés par VigieNature dans le carde de l’Observatoire Agricole de la Biodiversité
Les agriculteurs qui veulent participer : Accéder au site de l’Observatoire Agricole de la Biodiversité